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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 707

saient dans les basses branches tout en me surveillant d'un œil vigilant. La pluie éteignait tout enthousiasme. Et puis j'avais une poule faisane dans mon filet.

— Ici Kasper, bon Dieu !

Le chien venait de s'élancer vers un fourré. A la façon dont il aboyait, je vis tout de suite que le gibier n'était pas de ceux qu'on a coutume de rencontrer dans le bois Friquet.

Je n'eus pas d'ailleurs le temps de me livrer à des sup- positions concernant la forme de ce que j'attendais au déboulé. Une femme demi nue se dressa parmi les ronces. Ses cheveux de cuivre mettaient une note fami- lière et vague tout à la fois dans le décor de ce bois lavé à grande eau.

La femme vêtue d'un mauvais jupon et d'une chemise laissant voir un sein nu admirablement arrondi, frisson- nait, la tête rentrée dans les épaules.

Cette apparition jolie et théâtrale me secoua désa- gréablement. La fille rousse inattendue à cette heure et dans cette tenue s'avança vers moi. Je reconnus Katje et alors, pendant quelques secondes, je perdis l'usage de la parole et la conscience des choses qui m'entouraient.

La fille me fixait d'un air hébété : « Vrai, Monsieur», répétait-elle.

Kasper l'ayant reconnue remuait la queue et grattait la terre avec ses pattes de derrière.

— Qii'est-ce que vous faites là, Katje... et dans ce costume ; vous êtes folle ?

Elle ne répondit pas et commença à sangloter. Ses dents claquaient dans sa mâchoire contractée. Ses pieds nus maculés de boue étaient écorchés et saignaient.

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