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SUR L’INTRODUCTION À LA MÉTHODE DE LÉONARD DE VINCI

directement : les mots ici sont honnêtes dans la mesure même où ils sont insuffisants ; c’est au contraire s’ils allaient plus loin qu’ils manqueraient à la probité scientifique.

N’importe cette méthode, peut-être pour lui seul complètement valable, pour lui du moins s’affirme authentique et souveraine. « Trouver n’est rien, disait Monsieur Teste, le difficile est de s’ajouter ce qu’on trouve. » Ici encore Valéry a rempli l’attente de son personnage. Tout en lui est resté original et tout lui est devenu naturel : il est aujourd’hui en son point de perfection. Sachant que « parmi tant d’idoles que nous avons à choisir, il en faut adorer au moins une », Valéry a élu la précision, — et certes sa précision est sans prix, mais ne serait-ce pas à cause des purs, des multiples rayons qui s’y trouvent captés ? Ne serait-ce pas parce que, au-delà même de la précision géométrique, — par la netteté des contours, l’éclat immobile et solitaire, l’extrême concentration des feux, la précision de Valéry est une précision astrale ? Au risque de lui déplaire en faisant usage d’un mot par lequel il sera sans doute aussi choqué que l’était, selon lui, Léonard par l’hypothèse spiritualiste, je ne puis m’empêcher de conclure avec le vers de Wordsworth sur Milton :

Thy soul wes like a Star, and dwelt apart.[1]
  1. Ton âme était comme une étoile, et existait d’une existence séparée.