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SI LE GRAIN NE MEURT . 649

soudaines échappées, aux barrières, par exemple, qui rompant la continuité de la haie, donnaient accès dans les prés dont le mol dévalement rejoignait la rivière. Epars, quelques beaux bouquets d'arbres offrant leur ombre au tranquille bétail, ou quelques arbres isolés, au bord de la route ou de la rivière, donnaient à la vallée entière l'aspect aimable et ravissant d'un parc. Le soleil se couchait tout au fond, en automne, et ses derniers rayons, caressant la colline, ajoutaient leur rougeur à la rougeur des bois.

L'espace, à l'intérieur de l'île, que j'appelle cour, faute d'un autre nom, entourait sur trois côtés la maison principale, dont la quatrième face plongeait droit dans la douve. Cette cour était semée de gravier, que main- tenaient à distance quelques corbeilles de géraniums, de fuchsias et de rosiers nains devant les fenêtres du salon et de la salle à manger. Par derrière, une petite pelouse triangulaire d'où s'élevait un immense acacia sophora qui dominait de beaucoup la maison. C'est au pied de cet unique arbre de l'île que nous nous réunis- sions d'ordinaire durant les beaux jours de l'été.

La vue ne s'étendait qu'en aval, c'est-à-dire que par devant la maison ; partout ailleurs le pli du terrain la fermait ; là seulement commençait la vallée, au confluent de deux ruisseaux, l'un qui venait, à travers bois, du Val-Richer, l'autre, à travers prés, du hameau de La Roque à deux kilomètres de là. De l'autre côté de la douve, dans la direction du Val-Richer, s'élevait en pente assez rapide le pré qu'on appelait le Rouleux, que ma mère, quelques années après la mort de mon père, réunit au jardin ; qu'elle sema de quelques massifs d'arbres, et

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