Page:NRF 14.djvu/638

Cette page n’a pas encore été corrigée

632 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

son passage. Outre ces qualités, il devait avoir la clarté de vues, la culture et les vastes connaissances du pen- seur. La langue très remarquable qui avait caractérisé ses Notes fameuses, semblait indiquer un homme d'une imagination élevée et puissante. Ce qu'on disait de lui dénotait une apparence élégante et une éloquence domi- natrice. En outre, il avait atteint et conservé avec une autorité croissante la situation la plus élevée, dans un pays où l'on ne néglige pas les talents des hommes politiques. Tout cela, — nous n'attendions pas l'impos- sible, — semblait se combiner pour le rendre propre à s'occuper des sujets en question.

La première impression que donnait de près M. Wil- son diminuait quelques-unes de ces illusions, mais non pas toutes. Sa physionomie et son visage étaient élégants et semblables en tous points à leur photographie; son port de tête était distingué. Mais, comme Ulysse, il avait l'air plus grave lorsqu'il était assis. Ses mains, bien qu'adroites et assez fortes, manquaient de distinction et de finesse. Dès qu'on avait vu une fois le Président, on avait l'impression que, non seulement, et quel qu'il pût être par ailleurs, il n'avait pas le tempérament d'un homme d'étude, mais qu'il ne possédait même pas cette connaissance du monde qui fait de M. Clemenceau et de M. Balfour des personnages d'une exquise culture. Il n'était pas seulement insensible aux phénomènes proprement extérieurs, mais, qui plus est, il ne se lais- sait pas le moins du monde influencer par son entourage. Quelles chances un homme pareil pouvait-il donc avoir contre M. Lloyd George, dont la subtile attention se portait immédiatement d'une façon infaillible et presque

�� �