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PSYCHOLOGIE DU PRÉSIDENT WILSON 63 1

rope, autour de la voiture du Président ! Avec quelle curiosité, quelle anxiété et quelle espérance cherchions- nous à entrevoir le visage et l'attitude de l'homme du destin qui, arrivant de l'Ouest, venait panser les plaies de la vieille mère de sa civilisation et poser les fonde- ments de l'Avenir !

La déception fut si complète que ceux qui avaient eu le plus confiance osaient à peine en parler. Etait-ce vrai ? demandaient-ils à ceux qui revenaient de Paris. Le traité était-il vraiment aussi mauvais qu'il en avait l'air? Qu'était-il arrivé au Président? Quelle faiblesse ou quel malheur avait amené une trahison si extraordinaire et si inattendue?

Les causes étaient cependant ordinaires et humaines. Le Président n'était ni un héros ni un prophète. 11 n'était pas même un philosophe. C'était un homme généreu- sement intentionné, mais non exempt des faiblesses des autres créatures humaines. Il manquait de cette prépa- ration intellectuelle dominatrice qui lui eût été néces- saire pour lutter contre les fins et dangereux sorciers qu'un choc effrayant de forces et de personnalités avaient portés aux sommets, face à face dans le conseil, et qui étaient passés maîtres dans un jeu rapide, dont il n'avait nulle expérience.

Nous nous étions en effet forgé une fausse idée du Président : nous le savions solitaire et lointain et nous le croyions volontaire et obstiné. Nous ne nous lerepré sentions pas comme un homme minutieux, mais nous pensions que la netteté avec laquelle il s'était saisi de certaines idées principales pouvait lui permettre, avec l'aide de sa ténacité, de balayer les toiles d'araignées sur

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