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RETOUR A RÉMY DE GOURMONT

Georges Ghika disait dernièrement : « On ne me reprendra plus à envoyer des condoléances ! A la mort d’Apollinaire, j’avais écrit à Max Jacob qui Tavait veillé jusqu’à la fin, et de toutes ses forces. Il me répondit qu’il demandait bien pardon à Dieu, et se frappait la poitrine parce qu’il n’avait pas du tout de chagrin. J’avais écrit également à Rouveyre qui me répondit : vous savez, pour moi, mes amis, morts ou vifs, c’est tout pareil ». Ceci donne le sens et le ton de l’étude sur Rémy de Gourmont, qu’a composée André Rouveyre {V Eventail, 15 octobre 1919). Mort ou vif.,.; et ce scrupule encore :

« Je suis bien empêché de dire tout mon souvenir affectueux de Rémy de Gourmont ; on ne manquerait pas de se moquer de ce que la gratitude me mènerait. Lui-même savait trop bien la fragilité et l’intérêt d’un tel sentiment pour que je le marque publiquement. Combien de fois nous est-il arrivé de nous amuser ensemble sur la vanité de toute affection, »

Mais l’on retiendra, de ces souvenirs, un portrait :

« Assez replet, le regard haut, Gourmont se tenait debout et marchait sans assurance. Il avait une manière physiquement embarrassée de sa personne, nt lente, qui ne lu donnait pas une grande stabilité ; lorsqu’il se tournait, il pivotait sur place, hésitant, et ne pouvait pas, par exemple, virer sur un pntit espace en marchant. Il se posait le plus commodément et ne changeait qu’à regret. »

la carte, dressée par Rouveyre, des rues que fréquentait Rémy de Gourmont, et qui va du carrefour de la Croix-Rouge à la rue Jacob où habitait Mademoiselle Barney, un récit :

« Ensuite il s’échappa volontiers de ses habitudes tranquilles. On le reconnut certain soir au spectacle. Une amie bienfaisante l’inclinait à ces excès.

Georges Brandès m’écrivait de Copenhague,vers 1912 : « J’ai eu cette idée folle que l’Amazone à qui il s’adresse est une jeune demoiselle américaine, fine et jolie, qui l’amenait un jour chez des amis lorsque j’étais à Paris f. »

— Hé oui, cher philosophe lointain ! et c’est pour cela que nous ne le vîmes plus guère hors du réduit aimable où l’appelaient et le retenaient rintelligence et l’équivoque les plus curieuses et les plus séduisantes, »

un billet écrit pendant la guerre :

« Mon cher R vous m’écrivez de jolies choses et qui me font plaisir.. C’est le moment de s’aimer, puisqu’il y a tant de haines dans l’air. On Sduflfre en ce moment, on souffre de cela, de bien d’autres choses. On s’ennuie et il semble qu’on ait plus Uo<d que les autres hivers. Alors votre lettre m’a apporté une chaleur plusieurs fois bienvenue. Je vous aime bien aussi, vous le savez, et j’espère vous le montrer encore si