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par qui seule s'acquiert la maîtrise dans l'action. Car, si nous sommes assurés maintenant de notre intégrité nationale, il nous reste peut-être encore à sauver, en dépit des autres, en dépit de nous-mêmes, notre civilisation.
RAYMOND LENOIR
��LE PAQUEBOT TENACITY de Charles Vildrac et LE CARROSSE DU SAINT-SACREMENT de Prosper Mérimée au Théâtre du Vieux-Colombier.
Le Paquebot Tenacity !
Trois personnages : Une femme, deux hommes. Ajoutez quelques savoureuses figures — peu nombreuses — pour lier le drame.
Epinglée au programme, cette phrase de Rabelais : «Les destinées meuvent celui qui consent, tirent celui qui refuse ». Et, tout de suite, l'action commence. Elle est humble, sans détour^ sans com- plications extérieures.
Deux jeunes hommes arrivent dans un port ; ils viennent s'embar- quer pour quelque lointain Canada. Tous deux sortent de la guerre. Ils rêvent d'un pays neuf, libre, point trop gâté par la gangrène européenne ; ils rêvent d'horizon vierge et d'air respirable.
Dans l'auberge à matelots où ils comptent passer la nuit, ils apprennent que leur bateau, le paquebot Tenacity^ sera retenu plus de quinze jours au port par une avarie de machine. 11 faut donc prendre patience et travailler ici en attendant l'heure du départ.
A les entendre causer et plaisanter, à les voir aller et venir, on comprend vite qu'ils ne sont pas tous deux animés de la même passion. Ségard, cœur tendre, hésitant, tourné vers les choses du passé, semble à la remorque de Bastien qui est, lui, une nature impulsive, impétueuse, aux réactions vives et fugaces. Tous deux sont prêts à partir, mais, seul, Bastien semble vraiment résolu : il l'explique en phrases sonores, faciles, qui sentent la réunion publique et les lectures romanesques. Ségard jette les yeux autour de lui et voici que mille souvenirs s'enroulent à son âme, comme de frêles amarres.
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