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LE PARADIS DES CONDITIONS HUMAINES 557

sibles, comme la seule capitale et la conscience animée. Mais l'instinct ouvrier s'éveille devant l'ouvrage. Un de nous s'est écrié :

— Et nous ? N'allons-nous rien faire ?

Nous nous sommes regardés. Et de nouveau l'homme à la voix franche a exprimé le souhait de tous :

— Nous ne pouvons pas vivre dans une pareille bauge à sangliers. Et si nous sommes d'accord...

— Pourquoi ne le serions-nous pas?

— Commandez,

lui ai-je dit. 11 m'a jeté un regard singulier, qui n'omet- tait aucun détail ; des vestiges de grade étaient encore reconnaissables sur l'ombre de capote qui flottait autour de moi.

— Oh bien alors...

et il s'est assis par terre. Renaut a demandé :

— Par où commencerons-nous, Denis ?

— Ce pays est ce qu'il est et ce qu'a pu notre imagi- nation. (Et il tournait la tête en tous sens.) Mais l'esprit qui le contemple est le nôtre, et nous sommes, quant à nous, un réseau et un système. Chercher des lignes direc- trices, et ne rien faire avant de les avoir trouvées.

— Et comment s'y prendra-t-on ?

— Toutes les lois de la nature sont dans notre œil ; donnons-lui le temps de se poser sur le monde. Que chacun regarde devant soi et se taise.

Le sommet où nous étions installés dominait quelques lieues de terrain qui descendaient au-dessous de nous en longue draperie ; des blocs erratiques retenaient çà et là les plis de la tenture et en commandaient le déploie- ment; des sources noires ruisselaient sous les rochers ;

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