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420 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

dessus de leur nuque, une sorte de trompe fourchue, très odorante et de couleur inattendue.

Aujourd'hui, le Sarbonnet n'existe plus; les coups de mine des carriers l'ont grignoté tout au ras de la route qui d'abord en faisait le tour et maintenant peut aller tout droit. En continuant elle descend jusqu'aux prés verdoyants, baignés par la Fontaine d'Eure. Les plus mouillés d'entre eux s'émaillent au printemps de ces gra- cieux narcisses blancs dits : « du poète », qu'on appelle là-bas des courhadonnes. Aucun Uzétien ne songeait à les cueillir, ni ne se serait dérangé pour les voir ; de sorte que, dans ces prés solitaires, il y en avait une profusion extraordinaire; l'air en était tout embaumé; certains se penchaient au-dessus de l'eau comme dans la fable, que l'on m'avait apprise, et je ne voulais pas les cueillir ; d'autres disparaissaient à demi dans l'herbe haute ; mais le plus souvent, haut dressé sur sa tige, parmi le sombre gazon, chacun brillait comme une étoile.

Marie, en bonne Suissesse aimait les fleurs. Nous en rapportions des brassées.

La Fontaine d'Eure est cette constante rivière que les Romains avaient captée et amenée jusqu'à Nîmes par l'aqueduc du Pont du Gard. La vallée où elle coule, à demi-cachée par des aulnes, en approchant d'Uzès, s'étrécit. O petite ville d'Uzès ! tu serais en Ombrie, des touristes accourraient de Paris pour te voir! Sise au bord d'une roche dont le dévalement brusque est occupé en partie par les épais jardins du duché, leurs grands arbres, tout en bas, abritent dans le lacis de leurs racines les écrevisses de la rivière. Des terrasses de la Promenade

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