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J’aspirerai l’air. J’achèterai un croissant. Je serai bon, tout sera facile. Oh, Dieu, quelle joie, des gens qui m’indiffèrent! (Tout ce que j’excusais me revient).

Non, non, ne partez pas. Nous pouvons souffrir encore plus. Encore plus ! Encore descendre ! Il faut que nous touchions le fond.

Parce qu’alors, après l’indépassable, on remonte... Une sorte d’apaisement... — Marchons au milieu de la rue, voulez-vous; les gens ne verront pas que je pleure.

Arrêtez-vous, il faut que je vous regarde. Je ne pense jamais à vous regarder. Je ne sais pas vous regarder bien. Je ne connais pas votre visage.

Au revoir, allons, cessons cela. Je me plaignais qu’une heure serait trop peu : je viens d’arriver et je pars ! Je pars. C’est moi qui tends la main. (Je sens la largeur de sa main.)

Droit devant moi, à petits pas. Égaré de décourage- ment. Ne peux plus lever les yeux, ne lutte plus contre mes yeux nageants. Faible comme si j’étais mort. Tristesse de l’été.

Tristesse de l’été. Je chantonne une chanson de bébé. Les gens tournent la tête pour me voir. Si le tramway me renverse, je ne pousserai pas un cri.