Page:NRF 14.djvu/388

Cette page n’a pas encore été corrigée

382 , LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'esprit légitiment et prescrivent l'association. 11 est pres- que inadmissible qu'en ce siècle furieux on s'obstine à poursuivre seul une œuvre que l'on peut attaquer à plusieurs. Cette espèce d'abdication de l'individu au bénéfice du groupe est un des moindres sacrifices aux- quels il convient de se résigner désormais. Et puis, dans la multitude des noms qui peuvent s'attacher utilement à une idée, il en est toujours un pour le moins qui pos- sède soit une grande force de pénétration, soit les vertus d'une égide. Quel que soit le mérite intrinsèque d'un ouvrage de l'esprit, cet ouvrage souffre ou jouit des si- gnatures qui le recouvrent. 11 y a, dans votre mémoire, des qualités qui solliciteraient l'attention du monde en- tier, si cette attention n'était requise plus volontiers par une grande réputation que par de grandes vérités. Mon- sieur Léonard, vos idées m'intéressent profondément, j'ajouterai même qu'elles ne sont pas, pour moi, d'une nouveauté absolue ; j'ai, depuis plusieurs années, ébau- ché diverses études qui ne sont pas sans rapports étroits avec les vôtres, comme vous le verrez lors de mes pro- chaines communications. Je regrette. Monsieur Léonard, je regrette pour vous, pour la science, pour l'humanité tout entière, qu'un tel travail ne sorte pas d'une grande et féconde école et qu'il ne bénéficie pas des avantages immédiats qu'un nom honoré confère à tout ce qui se recommande de lui.

— Monsieur, dit Léonard, je suis, je vous assure, . touché...

— Monsieur Léonard, prenez que je n'ai rien dit. Pourtant, je vous veux trop de bien et j'honore trop la

oble cause que nous servons tous deux, chacun à notre

�� �