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D UNE ORGANISATION DU TRAVAIL INTELLECTUEL 353

Jusqu'à présent la collaboration n'a été cherchée que dans le domaine des sciences. Il existe une méthode du travail scientifique dont les véritables savants font usage, et qui s'étudie à part sous le nom de méthodologie. Mais la pratique de cette méthode ne nécessitant pas absolument le concours des intelligences, celui-ci se réa- lise rarement.

L'homme d'étude peut travailler seul, souvent il est contraint de rester isolé. Si le savant français montre peu de goût pour les ouvrages d'ensemble, il le doit moins à une tendance naturelle qu'à une dure nécessité. N'est-ce pas la difficulté de trouver des aides qui le fait s'accoutumer à s'aider lui-même ?

11 se peut que des Français réussissent parfois à accom- plir d'accord une seule tâche après l'avoir divisée entre eux. Mais les règles de l'association intellectuelle ne sont pas encore connues.

Ce n'est pas à de telles règles qu'ont recours les membres des sociétés savantes. 11 ne faudrait pas croire qu'il s'agit pour eux d'une entreprise véritablement col- lective. 11 n'y a pas là coopération proprement dite, mais juxtaposition de travaux accomplis individuellement sur des sujets de même ordre. 11 n'est nullement assuré que pour les exécuter leurs auteurs se soient soumis à une même discipline, aient fait usage d'une méthode com- mune. Pour qu'il puisse être question d'une véritable unité dans le travail, il faudrait qu'une sorte d'harmonie s'établisse entre les esprits et rythme leurs mouvements divers.

Nous proposons donc que les règles de l'association intellectuelle soient étudiées. Les principes sur lesquels

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