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d'une organisation du travail intellectuel 347

qu'ils auront cessé d'être les agents de l'anarchie, il ne sera pas très malaisé d'augmenter dans le reste de l'hu- manité la tendance naturelle qui la porte à accepter les formes qu'on lui donne ; les sentiments qui l'animent importentinfinimentplusquelesdispositions extérieures.

Le pouvoir de l'intelligence sera partout accepté sans résistance quand elle aura renoncé à être une force indé- pendante. Son rôle dans la vie sociale apparaîtra. C'est une question que de savoir quelle part lui revient dans le gouvernement des faits. Que cette part soit étendue ou restreinte, les modes de ce gouvernement veulent être déterminés. Dès lors qu'on admet la nécessité d'une direction, celle-ci doit être organisée. A moins de pré- tendre qu'il appartient aux sots de nous conduire, il est nécessaire de faire place à l'esprit.

Ne tenir aucun compte de la nature de l'intelligence serait folie. Aucun homme n'a la tête assez forte pour se prêter aux activités diverses qui le sollicitent. L'œuvre intellectuelle est toujours le fruit d'une coopération plus ou moins consciente. Cette œuvre capitale, devant la- quelle l'individu reste impuissant, l'œuvre d'assurer la vie d'un pays, il faut qu'elle s'accomplisse en définitive.

Nous n'avons pour cela qu'un seul moyen, c'est de spécialiser les fonctions dirigeantes. Le préjugé qui s'y oppose est malheureusement tenace.

C'est une erreur de croire que l'esprit, en se spéciali- sant, se stérilise. Entendons-nous bien. Il est à souhaiter que la culture intellectuelle soit générale, la fonction spéciale. L'homme doit s'élever, lorsqu'il pense, à l'intel- ligence du tout ; il doit rester, lorsqu'il agit, dans le champ restreint où son travail s'élabore. L'effort de l'es-

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