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332 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

des hommes qui la font régner, ou elle n'est qu'un mot sans vertu.

L'estime que nous professons aujourd'hui pour l'œuvre d'organisation est plus théorique qu'effective. Cela est assez visible. Nous n'avons pas encore goûté les fruits de l'arbre et ne sommes pas pressés de le cultiver. Nous ignorons l'art d'ordonner les hommes et le méprisons en notre cœur. 11 est tellement plus facile d'inventer.

Aussi les organisateurs nous font-ils principalement défaut, car leur activité est la plus intimement inhérente à l'organisme social, et l'état d'incohérence où il se trouve n'est pas fait pour susciter les volontés et déter- miner les aptitudes.

L'organisation veut avant tout une division exacte des tâches. Elle comporte un plan de travail qui ne va pas sans la spécialisation du métier. Mais nous avons horreur de la spécialisation ; elle nous imposerait un surcroît d'effort alors qu'il est bien entendu que l'édu- cation se clôt avec l'adolescence. Aussi trouvons-nous toutes sortes de bonnes raisons pour nous refuser à l'apprentissage des connaissances utiles. Nous restons dans la théorie.

Si, d'ailleurs, la spécialisation nous répugne à ce point, c'est que l'occasion d'éprouver ses avantages ne s'offre pas à nous. Nous vivons trop dissociés pour qu'elle nous soit d'emblée possible. Dans l'ordre intel- lectuel, nous en sommes encore au régime du petit atelier et, si j'ose dire, du travail à domicile. Chacun se charge de tout ; les besognes les plus diverses sont mêlées.

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