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D UNE ORGANISATION DU TRAVAIL INTELLECTUEL 329

un épuisement précoce. Ces cultures trop poussées avor- tent. La plante ne trouve pas assez de limon pour ses racines.

Il en est de même dans la vie. Les hommes d'une volonté trop tendue y vont jusqu'au bout de leurs forces. Les conditions de la connaissance sont si mauvaises qu'elles imposent à chacun un effort surhumain. On reste surpris que le résultat d'une telle dépense d'énergie soit si médiocre.

Trouverons-nous un jour le principe d'une alliance en faveur de l'esprit ?

��Décontenancé, l'esprit déserte sa place, sa fonction n'est pas remplie, il manque à la direction du pays.

Nous sommes si loin de nous comprendre ! Comment réussirions-nous à joindre nos efforts ? Il n'est pas de direction possible sans une entente mutuelle. Ne ren- contrant guère de consentement spontané, le comman- dement hésite, l'obéissance mal sollicitée se dérobe.

Nous ne sommes jamais sûrs de rien. Faute d'un méca- nisme social cohérent, nous doutons constamment de voir se réaliser aucune œuvre que nous n'accomplissons pas seuls. Le Français individualiste ne peut compter que sur lui-même.

Les esprits étant instables, il nous est impossible de prévoir. Nous sentons que toute responsabilité est dan- gereuse à assumer. Nous fuyons devant elle. Nous nous efforçons de ne jamais vouloir au nom de plusieurs. L'idée qu'il faut trancher dans le vif, arrêter son choix

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