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��NOTES

��LES CROIX DE BOIS (Alb. Michel) ; LE CABARET DE LA BELLE FEMME (Edition Française Illustrée), par Roland Dorgdès.

M. Roland Dorgelès est un romancier de grande tradition. Son art est gouverné par le souci de la vérité ; son livre est une œuvre de bonne foi et de loyauté intellectuelle. Avant tout il faut rendre hommage à cette impartialité passionnée, à cette volonté de respecter le lecteur, de ne lui offrir, sur un sujet qui prête plus qu'aucun autre aux constructions arbi- traires, que des vues bien mises au point. Cela doit s'entendre au physique comme au moral. Le choix des épisodes est signi- ficatif à cet égard. L'auteur s'est attaché à faire dans chacuti de ses tableaux, des moyennes de paysages, de gestes et de sentiments. Il s'est gardé de grossir un trait juste, de fixer ses personnages dans un symbolism* apprêté, de fabriquer des mannequins bourrés d'idéologie. On nous avait montré dans trop de livres de guerre et surtout dans le plus fameux, des soldats qui montaient à tour de rôle à la tribune pour réciter des tirades philosophiques émaillées, pour la couleur locale, de quelques mots d'argot "poilu". Dans les Croix de Bois, nous voyons enfin des hommes pareils à ceux que nous avons connus là-bas, ni des parangons d'héroïsme ni des monstres de lâcheté et de bassesse, des hommes.

La misère y paraît sans maquillage et la souffrance sans retouche romantique, ou "réaliste", ce qui revient au même le plus souvent. La vraisemblance y est gardée jusque dans

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