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264 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

feutre et à mes joues, le vide du ciel ensoleillé qui séchait les cimes.

J'avançais... j'avançais... et brusquement le sous-bois s'assombrissait, ensuite c'était la pluie.

C'était la pluie à larges gouttes froides, drues et dont la chute raide n'avait pas été ralentie par le feuillage. Aux premières, des frissons réduisaient mon corps à l'intérieur de mon vêtement de toile ; puis très vite j'étais alourdi du poids de mon veston et de mon pantalon qui ruisse- laient. La pluie cessait brusquement de tomber et le sol repoussait une odeur de terre chaude lorsqu'à la longue, bien qu'abrité de la voûte feuillue, je sentais, à mon cha- peau de feutre et à mes joues, le vide du ciel ensoleillé qui séchait les cimes.

Il passait dans la forêt sept, huit de ces courtes trombes d'eau, durant la journée ; et de l'une à l'autre le soleil au-dessus des arbres chauffait l'humidité du sous-bois. Et moi, aussitôt que je sentais une légère sueur au creux de mes aisselles, je me dévêtais, et, tout nu, au milieu de la piste, j'attendais que soient secs mes chaussures de toile brune et mon pantalon, mon veston et ma chemise étendus sur des branches basses...

BERNARD COMBETTE

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