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244 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

premières gouttes étaient tombées alors que chez Ferrier je fermais ma cantine. Ayant dit adieu au logeur, je demeurai un instant sous le chimbeck de " La Lanterne ", tout interdit de la rapidité avec laquelle ces gouttes, espacées et lentes au point qu'à leurs chutes sur le sol je voyais nettement leur largeur et leur forme de pain à cacheter, étaient devenues une pluie torrentielle.

Eh ! oui, je pouvais penser à un pain à cacheter en voyant Tune ou l'autre à son contact avec le sol parce qu'elle ressemblait à une toute petite rondelle de pâte sèche à cet instant. La pluie à son début me donnait la sensation de quelque chose qui alternait. Les yeux à la poussière jaune du sol, si jaune que c'était comme une couche de soufre, je voyais la goutte nette, ronde, et il me restait sur la rétine le trou qu'elle avait fait dans la poussière ; à la longue cela faisait croire que le sol s'effritait, cette multiple perforation. Cette petite pluie cessa et alors il ne resta plus que le sol qui était pareil à une éponge.

Tout cela je l'avais vu de la fenêtre de la chambrée : je faisais ma malle et j'interrompais souvent mon travail pour mettre le nez dehors, dans le désir de voir où en était cette chute d'eau ; le temps de sortir, d'aller de mon lit au chimbeck, et la pluie avait repris.

Mais elle était violente et chaude : le ciel " pissait " de l'eau tiède avec des ralentissements parfois ; ainsi il pleuvait dru par à-coups, durant lesquels l'eau rejaillissait contre le sol, et il m'arrivait à la face des bouffées de cha- leur molle.

Sous cette pluie battante, j'ai fait le chemin de la maison Ferrier à la gare, suis monté dans mon wagon dont la

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