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2l6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le médecin, qui a paru très inquiet de tout ce sang : il fait à Jacques une piqûre d'émétine, et il a envoyé Ménard à Poizeulles, chercher de la glace. Puis il m'a recommandé de couper la glace, quand je Taurais, en petits morceaux ronds et de les donner à sucer à Jacques, à chaque crachement de sang.

Un peu après minuit, Ménard est revenu avec un grand bloc de glace, un couteau et un marteau. Il m'a dit : " Je suis resté une heure à appeler la femme, par la fenêtre. A la fin, il a bien fallu qu'elle s'habille : je lui ai dit que c'était pour un mourant ".

Heureusement Jacques, qui avait écouté tout le reste, n'a pas semblé comprendre ce mot-là. Plusieurs fois, j'ai cru qu'il choisissait ce qu'il entendait.

III

Jacques paraissait plus affaibli encore, quand il s'est réveillé le onzième jour. Il voulait demander à boire, et n'y parvenait pas. Pourtant, comme j'allais m'asseoir contre son lit, il m'a arrêtée en me montrant sa veste, et il a dit : " Prends-la ", ou " Soigne-la ".

Je n'ai pas compris, c'est pour lui faire plaisir que j'ai porté la veste dans la chambre d'à côté: presqu'aussi tôt j'ai trouvé les deux lettres, qui étaient à moitié sorties de la poche. (Est-ce qu'on les avait touchées pendant la nuit ? Mais qui? Et Jacques, comment aurait-il pu les atteindre...)

J'ai trouvé aussi une fleur et un nœud de ruban noir.

  • *

Mon désespoir n'est pas devenu plus grand ; mais il

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