LA GUÉRISON SÉVÈRE 209
Je ne puis éprouver que les choses autour de moi soient fraîches et nouvelles (comme il arrive dans les conva- lescences). De quelle sorte est donc ma guérison, et qu'y a-t-il de faussé en elle, quel poids ?
Guérison cependant. Il ne reste, dit le médecin, que la faiblesse.
�� ��La même lassitude, sans doute, oblige le convalescent au sentiment de nouveauté, sans lequel il ne continuerait pas à choisir de vivre. Ainsi le monde, au début d'un amour, paraît usé : où se porte la découverte. Est-ce pour avoir trop donné que ma pensée ici n'est plus capable de ses inventions naturelles.
Pour avoir trop donné d'elle, et sans ordre : même les deux premiers jours, dont je n'ai pas parlé ; c'est que mes idées étaient alors plus rapides, elles avaient aussi plus de charme — et certaines d'entre elles un charme si fini et sûr qu'il m'a semblé que je pouvais les écrire, qu'elles seraient ce charme en mots, à ma disposition*
J'ai retrouvé le papier avec la phrase. A peu près : " les hommes, les pierres de dessous les ponts... change- ments de temps... ". J'ai souvenir que l'effort pour écrire me fut anormal ou désagréable. Le charme devait tenir à ce que tout se perdît aussi vite.
Il avait disparu le jour que commencèrent — oui, c'était le onzième jour, un jeudi — les inscriptions utiles, qui certainement ont touché de plus près à cette guérison sévère, et sans joie elles-mêmes l'ont faite à leur image.
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