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NOTES 113

Ni Edmond Rostand, ni quelqu'un de nos petits rhétori- queurs ne se résigneraient de bon gré à écrire simplement :

Les plus vieux réparaient l'usure des chemins.

Mais ceux qui sentent le rythme, à qui le son des syllabes enchaînées par l'idée est aussi précieux que le toucher d'une belle étoffe, ou d'une pierre au grain rare, reconnaissent et saluent au passage le visage de la muse française.

Que n'apparaît-il pas plus souvent dans les vers de M. François Porche ? N'est-ce pas que le poète de l'Arrêt sur la Marne, né pour l'élégie et la poésie intimiste, ait prétendu les succès de théâtre et de récitations publiques et réglé son chant sur les éclats de voix des acteurs ? Au lieu d'un demi- succès gonflé par la réclame, une chute éclatante des Butors nous eût peut-être rendu un poète. La poésie de M. Porche, même lorsqu'elle se veut rustique et populaire, semble àprésent traîner aux champs comme à la ville les oripeaux du théâtre.

Quand l'art du récitant ne gonfle plus les vers, quand la modulation d'une voix exercée ne vient plus nuancer la monotonie des épithètes, la strophe gît sur le papier comme un petit tas de ficelles embrouillées...

La foule dans la débâcle De ces temps vertigineux Se consolait au spectacle Et sur l'écran lumineux Dans une atmosphère ardente Défilait devant ses yeux La vision trépidante D'un monde silencieux.

Tout cela pour exprimer cette idée toute simple que, pen- dant la guerre, le cinéma consolait Paris. On se prend à regretter les périphrases de Jacques Delille.

La langue de M. Porche est souvent prosaïque ; avec cela peu de strophes d'une seule coulée, de ces jaillissements qui retombent en gerbe irisée, mais une suite de constructions fragiles, aux lignes confuses, élevées à l'aide de petites phrases

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