Page:NRF 13.djvu/975

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 967

Dieu dans cette affaire ? Quelle place lui réserve-t-on ? Dans quels combles est-il relégué ? Comme il serait impoli- tique de le supprimer, sans doute lui réserve-t-on le rôle d'une sorte de président honoraire. Mais on lui mesure sévèrement l'hommage. S'il tient à en recueillir quand même quelques bribes, il faut qu'il vienne s'identifier avec la Patrie, il faut qu'il déclare « la protéger » tout spécialement, il faut qu'il se fasse son patron et qu'il entre dans une combinaison qui est le pendant exact de celle où les pangermanistes avaient voulu l'emprisonner. Un chrétien ne peut pas admettre cette comédie et ne peut la ressentir que comme une moquerie de sa foi.

Anticatholique, V Action Française l'est encore par son refus de tenir compte, en aucune circonstance, de ce que la gran- deur du Pays peut impliquer comme souffrance pour les individus et de ce que la puissance en général représente comme douleur au monde.

Je ne suis pas de tempérament sentimental : rien ne m'en- nuie comme de m'apitoyer. Aucune littérature ne m'est plus fastidieuse que celle où la fraternité humaine et l' entre - embrassement des peuples nous sont platement prêches.

Mais enfin j'avoue que le mal des autres, fût-ce celui de mes ennemis, me « fait tout de même quelque chose » et que spon- tanément je le souhaite évité. C'est dans cette mesure que je me sens chrétien, que je me trouve catholique. Et je constate que c'est dans cette mesure également que l'Action Française m'est insupportable. Son continuel appel à la violence, son souci de réveiller, de raviver, d'envenimer le plus possible tout ce que les hommes éprouvent entre eux d'oppositions et d'inimitiés naturelles, son dessein à satiété proclamé d'entretenir éternellement le désordre et la misère chez ceux qui nous ont une fois voulu du mal, ne sont-ils pas un effort direct contre l'enseignement du Christ et ne tendent-

�� �