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NOTES 961

OU de quelques meneurs au sein des peuples ? L'existence socialiste a commencé en fait. Mais où ? Chez un peuple barbare ou, si le mot vous choque, étranger à notre Occi- dent. Vous nous dites qu'elle lui convient; c'est bien possible. Une seule chose importe : nous convient-elle à nous. Français, Occidentaux, gardiens de la pensée et de la civilisation ?

— Nous le verrons bien, c'est précisément ce que j'étudie.

— Etudiez tout à votre aise. Lorsque vous conclurez, il sera peut-être trop tard et dans le cas probable, plus probable que l'autre, où le soviet ne nous conviendrait pas, c'en sera déjà fait de la France et de la pensée.

— Qu'en savez-vous ?

— J'ai mille raisons de le croire; j'en appelle à l'expérience des siècles et à la nature de notre esprit.

— Les siècles nous ont-ils tout dit et notre esprit est-il à bout de course ? En vain vous bouchez-vous les yeux et les oreilles, vous n'échapperez pas à la vérité de demain. N'en tendez- vous pas la vague qui monte ?

— Vague de faits, vague surtout de mots. Nous l'entendons. Il s'agit de lui résister et de la détourner de notre route ; de la capter, si nous pouvons, pour la faire servir au bien. Une pensée digne de ce nom ne se résigne pas devant l'orage. Nous non plus ne sommes pas des libéraux ; mais nous tenons dur comme fer pour la liberté de l'homme. Dieu dispose et juge en dernier ressort, mais l'homme propose. On me pro- pose l'expérience du bolchevisme : si ma raison d'homme et d'homme français me la fait considérer comme néfaste, contraire à la nature humaine, contraire à notre civilisation, quand tous les hommes abusés se ligueraient contre moi seul, je lancerais tout seul ma contre-proposition de résis- tance ^ . — Dans un article du Correspondant, René Johannet

I. Et d'autant plus que je ne suis pas seul. On parle du socia- lisme, comme si aucune autre force ns s'opposait à lui ou ne le balançait en fait. Le syndicalisme n'est que son allié provisoire

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