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9l8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Il y a de cela quinze jours. A ma surprise, Jacques, qui venait passer une semaine de vacances près de nous, ne m'a pas accompagné auprès de la Table Sainte. Et j'ai le grand regret de devoir dire qu'Amélie, pour la première fois depuis notre mariage, s'est également abs- tenue. Il semblait qu'ils se fussent tous deux donné le mot et eussent résolu par leur défection à ce rendez- vous solennel, de jeter l'ombre sur ma joie. Ici encore je me félicitai que Gertrude ne pût y voir, de sorte que je fusse seul à supporter le poids de cette ombre. Je con- nais trop bien Amélie pour n'avoir pas su voir tout ce qu'il entrait de reproche indirect dans sa conduite. Il ne lui arrive jamais de me désapprouver ouvertement, mais elle tient à me marquer son désaveu par ime sorte d'isolement.

Je m'affectai profondément de ce qu'un grief de cet ordre — je veux dire : tel que je répugne à le considérer — pût incliner l'âme d'Amélie au point de la détourner de ses intérêts supérieurs. Et de retour à la maison je priai pour elle dans toute la sincérité de mon cœur.

Quant à l'abstention de Jacques, elle était due à de tout autres motifs et qu'une conversation, que j'eus avec lui peu de temps après, vint éclairer.

3 Mai

L'instruction religieuse de Gertrude m'a amené à relire l'Evangile avec un œil neuf. Il m'apparaît de plus en plus que nombre des notions dont se compose notre foi chrétienne relèvent non des paroles du Christ, mais des commentaires de saint Paul.

Ce fut proprement le sujet de la discussion que je viens

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