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l'enfant qui s'accuse 901

Je passe un quart d'heure au bureau de poste, puis reviens au greffe. Le juge aussitôt me fait entrer dans la salle.

— Il dit que c'est lui, il affirme que c'est lui qui l'a rapporté.

Cette fois les bras m'en tombent.

— Restez dans la salle, vous allez voir. Ou bien c'est un fou, ou je n'y comprends rien.

Et il continue l'interrogatoire :

— Avez-vous rencontré quelqu'un ?

— Non.

— Sur quelle table avez-vous remis le porte-monnaie ?

— Là où je l'avais pris. J'interromps :

— Mais ce n'est pas l'endroit où on l'a trouvé.

— C'est la réponse qu'il nous fait depuis le commen- cement, dit le juge. Il l'a remis là où il l'avait pris.

Cette fois aucun doute n'est plus possible : l'enfant invente ; et il invente ce qui lui semble l'aveu le moins compromettant. Cela saute aux yeux. Mais comment faire comprendre au juge l'absurdité de cette réponse. Il faudrait un plan de la maison. Tout ce que je dis ne l'intéresse pas. Alors j'essaie, par une autre voie, de sur- prendre un flagrant délit de mensonge.

Je désigne mon portefeuille en peau de truie qui se trouve toujours sur le bureau.

— Non, fait le juge, je ne le lui ai pas encore montré Il le prend et le tend à Julien :

— Tu le reconnais bien ?

Mais l'enfant ne s'y laisse pas prendre :

— Non, il était marron.

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