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896 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fait un effort pour se justifier, un enfant qui, sous plus d'un rapport, a plutôt l'expérience d'un homme ? Je ne vois qu'une chose, c'est qu'à force d'avoir été maltraité injustement, il n'étabht plus aucim lien entre les coups qu'on reçoit et la faute qu'on a pu commettre. L'accusa- tion de vol est tombée sur lui de la même façon ; il l'accepte comme un malheur naturel.

J'écris le matin même au Procureur pour lui faire savoir que le porte-monnaie est retrouvé ; j'ajoute que, malgré les aveux de l'enfant, je suis obligé de considérer comme possible que l'objet n'ait été qu'égaré; qu'on est prêt à gar- der le jeime Julien à Maisonneuve et que je prie, une fois de plus, qu'on veuille bien ne pas donner de suite à l'affaire.

Après dîner, Rongeard monte à la Mattraie, fort pris de boisson :

— Le porte-monnaie est retrouvé... Je voudrais bien savoir comment ça se fait... Ah ce malheur ! Tout le monde en parle dans le pays. Son petit frère est maltraité à l'école. Pour un peu il se détruirait...

C'est la même fausse violence que la première fois» On sent, sous le ton à demi menaçant, le vague espoir d'une petite indemnité. Pas une fois cependant, il n'essaie de plaider l'innocence de son fils. Visiblement il n'y croit pas. Il a cependant cette phrase :

— Il a dit à sa malheureuse mère : « Je me suis vu pris par les gendarmes, alors j'ai dit que c'était moi. »

— Pourquoi n'est-elle pas venue nous le répéter ?

Il ne le sait pas. Il ne fait mention d'aucune confidence de ce genre que son fils lui aurait faite à lui, pendant leur course à D... Il préfère recourir au pathos :

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