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l'enfant qui s'accuse 891

dans une cachette valent qu'on risque des coups et de la prison. Il retourne à sa chambre et le père s'en va.

Dans l'après-midi, passant devant Maisonneuve, je reconnais Julien qui regarde, dans une allée, les garçons jardiniers jouer au bouchon. Je demande, le soir, s'il s'est décidé à chercher lui-même dans l'étang. On me dit que oui. Vers la fin de la journée, on l'a vu descendre à l'étang et entrer dans l'eau ; mais personne n'était assez près pour juger si ses recherches furent bien sérieuses. On est indigné de son attitude indifférente. Un garçon jardinier lui a dit, comme il venait les regarder jouer : « Tu ferais mieux de te cacher un peu, dans ta position. » Il a répondu, mais je ne sais trop sur quel ton : « C'est une position comme une autre. » De plus, on vient d'apprendre que le père est à jouer aux boules à la fête du village voisin. Le fait parait si incroyable que, de lui-même, un des valets de ferme prend sa bicyclette ; parmi les joueurs, il trouve en effet Rongeard. Celui-ci le recon- naît et lui crie : « Dis à Juhen qu'il se tienne prêt demain à cinq heures ; j'irai le conduire à la gendar- merie. » Tout le monde est assez irrité de l'attitude du père et du fils. On ne sait trop comment on pourrait intervenir.

En effet, de bonne heure, sans être même retourné chez lui, Rongeard vient prendre son fils. Mais ils rentrent deux heures plus tard. Puisque j'ai retiré ma plainte, la gendarmerie refuse de se charger de l'enfant. Tout le monde dit : « Le père et le fils sont de mèche. Nous aurions été bien étonnés s'ils n'étaient pas revenus. »

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