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           POÈMES

   AUX SOLDATS AMÉRICAINS

Amis, compagnons, ô frères
(Comme si je pouvais vous saisir
De ces mots comme des mains tendus)
Partis de là-bas, visages nature comme des mottes de terre,
Avec du vrai vent d'air dans la poitrine
Et les quatre membres forts dont on se sert,

Ô frères, venus
Dans cette vieille Europe gâtée de haines
Qui ressemble au malheur, qui ressemble au passé,
Venus dans la bagarre absurde
Sur notre bout de terre où un peu plus
De justice et de liberté,
Où une espèce d'innocence
Vous laissait place nette pour poser le pied,