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DONOGOO-TONKA 851

dit, se remplit, prend la forme d'une poule, que le cro- quant émerveillé regarde pondre.

5. La porte d'une cour dans une ferme normande. Une femme guette le facteur. Il arrive, tend une enveloppe que la femme décacheté. Un prospectus se déploie, se soulève, s'envole doucement, comme un oiseau miraculeux, et voilà qu'au ciel, sur un beau nuage rond, l'on peut lire en lettres couleur de soleil couchant : DONOGOO-TONKA.

6. Un marché, dans un bourg vendéen. Paysans, bestiaux, volailles. Un arbre au tronc énorme, contre quoi un homme colle une affiche. L'affiche reproduit en gros caractères la première page du prospectus. Les gens s'attroupent. Le mouvement du marché se ralentit et se trouble. L'affluence devient volumineuse, pressante. Il s'y mêle des bêtes à cornes, des cochons, des volailles ; tout cela fasciné.

Peu à peu, la lumière se brouille. Les choses d'alentour fondent et se simpHfient. L'arbre, insensiblement, se dépouille, se transforme en un fût, en une colonne vibrante, et ne dirait-on pas que, dans une sorte de lande déserte, une colonne de feu marche en avant d'une immense foule faite de paysans, de bêtes à cornes, de cochons et de quelques volailles ?

7. Un petit théâtre, dans une ville du Midi. Le rideau s'abaisse, bordé de réclames locales. Mais au centre s'étale une reproduction de la première page du prospectus, entre la vue de la rue principale et celle d'un champ aurifère.

D'abord les gens sont distraits, les âmes disséminées. Puis Donogoo-Tonka s'installe dans les regards, les sou- met, les fixe. Toutes les têtes sont maintenant tournées vers l'inscription.

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