Page:NRF 13.djvu/719

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PÈRE HUMILIÉ 7II

PENSÉE. — Quoi ! est-ce que vous me rapportez...

ORSO. — Sa tête. Oui, j'ai pu la détacher.

Elle était lourde avec moi, tout ce temps que je la portais avec moi sous mon manteau.

PENSÉE. — Où est-elle ?

ORSO. — Au fond de cette corbeille de fleurs que je vous ai envoyée ce matin. Silence.

PENSÉE, se levant et faisant un mouvement vers la corbeille. — Orian, mon cher mari, êtes-vous là ?

ORSO. — Pensée, ne le touchez pas, car il est mort. Il appartient à un ordre différent, il n'est plus avec nous à notre manière.

Que de lui jusqu'à vous l'encens de ces larges calices dont j'ai fait sa sépulture soit un signe suffisant !

PENSÉE. — Il n'a point eu horreur de moi, je n'aurai point horreur de lui, parce qu'il est mort,

Et qui aurait le droit, si ce n'est moi, qui suis sa femme, de le saisir entre ses mains et de le garder sur son sein, comme sa possession ?

ORSO. — Respectez ce reste insulté.

PENSÉE. — Il n'a point eu horreur de moi ! Il est venu jusqu'à moi qui suis la dernière des femmes ! Malheureuse obscurcie ! il est venu à moi quand il en aurait pu trouver une plus belle !

C'est moi qui l'ai blessé, de cette blessure inguérissable ! C'est moi qui l'ai arraché à son Père! Oui, je sais que c'est à cause de moi qu'il est mort et qu'il n'est plus rien de visible !

Ah ! qu'on me donne un voile de soie pour recevoir ce qui me reste de lui ! qu'on me donne le Hnge le plus fin pour couvrir ces mains indignes !

�� �