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LE PÈRE HUMILIÉ 697

Ce n'est pas cette nuit-là à mon tour qui me fera peur et qui sera su£&sante à me séparer de lui !

ORSO. — Et moi, Pensée, est-ce que je serai toujours votre ami ?

PENSÉE, lui tendant la main. — Mon grand ami !

ORSO. — Quand la paix sera revenue, il faudra que vous me preniez un jour et que vous m'expliquiez pour- quoi j*ai eu de l'amour pour vous, jadis.

PENSÉE. — Est-ce que vous n'en avez plus ?

ORSO. — Qu'est-ce qu'il faut que je réponde ?

PENSÉE. — Cela me fâcherait que vous répondiez non.

ORSO. — Je ne vous aime pas comme mon frère. Vous me suJB&siez telle quelle. J'aurais été patient avec vous.

Il y a bien des hommes qui ne sont pas autrement sensibles, et qui pleurent parce qu'ime joue d'enfant ne s'est jamais posée contre la leur.

Il y a quelqu'un qui se serait alourdi entre leurs bras. Cette décoloration solennelle de la femme en proie à un autre être qui se fait d'elle !

Et moi d'abord je vous avais admirée, vous me sembliez si fière et si forte ! Oui, vous fouliez le sol avec tant de grâce et de dignité.

Puis quand j'ai su que vous étiez aveugle.

Avec cet air de reine, avec ce visage de jeune dieu.

C'est cela qui vraiment m'a touché. De vous sentir si faible avec moi, sans aucun chemin si je n'étais pas avec vous,

Cela m'aurait expliqué toute la vie.

D'avoir votre petite main dans la mienne, c'est cela qui m'aurait donné de la force.

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