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LE PÈRE HUMILIÉ 689

ORIAN. — A peine vous l'aurais- je dit que cela cesserait d'être vrai.

PENSÉE. — Je ne comprends pas ! Comment est-ce que vous me demandez de vous comprendre ? Comment est-ce qu'il peut être bon pour moi que vous soyez mort ? Bon, quand on aime quelqu'un, qu'il cesse d'être là ?

Ceux qui voient, est-ce qu'ils se lassent du soleil ? Et moi qui n'ai pas de soleil, est-ce que je me passerai de cette voix comme la révélation de tout, qui m'a dit une fois : Ma bien-aimée!

Quand je vivrais cent ans, et quand chacune des secondes de ces cent vies serait faite de cent années.

En cela je ne vieillirai jamais que je suis sûre que j'aurai toujours quelque chose à vous dire,

Quelque nom pour vous appeler, quelque invention nouvelle de mon cœur, quelque récit de moi-même qui ne pourra jamais tarir.

Est-ce ma faute, si c'est vous qui êtes la force ? si c'est vous qui êtes chargé de savoir pour moi ? si tout ce dont j'ai besoin au monde n'est pas en moi, mais, hors de moi-même, ceci ? Si c'est vous auquel m'attache une chose plus forte que le droit, la nécessité sans aucune espèce de droit ?

Ah 1 quand je vivrais cent ans, vous serez toujours le même pour moi, et il me semble que j'aurai toujours quelque chose à vous dire, quelque mot bien tendre, quel- que partie de votre cœur dont vous auriez pensé qu'elle m'était close,

Cette pauvre âme aveugle entre vos bras qui ne cesse de vous appeler par votre nom et de vous dire qu'elle vous aimel

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