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662 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la physionomie des groupes. Un régime croule ; des cadres sociaux éclatent ; une force anonyme surgit, inorganique et instable. Ses souffrances et son absence de loisirs la maintiennent longtemps dans im état d'enfance. Impul- sive, elle croit à des lendemains meilleurs. Elle passerait presque inaperçue si ses sectes mystiques et ses émeutes qui avortent ne bouleversaient l'ordre moral. Précipitée du pouvoir chaque fois qu'elle s'en approche et l'atteint, elle est incapable de s'emparer de la pensée et de formuler clairement ses exigences. C'est la pensée de nos écrivains sociaux et de nos polémistes qui doit aller à elle pour discerner, dans les masses populaires, la vitalité et la promesse ardente des êtres jeunes à qui l'avenir est dévolu. Tandis que certains esprits connaissent successivement toutes les inquiétudes et se prennent à rêver, d'autres, face à la vie, se plient à la discipline française ou partagent les enthousiasmes naissants. Se tenant au-dessus de leur époque, là où les passions mesquines viennent mourir, où le cours des événements n'altère pas la valeur durable de l'idée, ils font œuvre de savant ou d'artiste. Les savants, faisant justice des hypothèses métaphysiques puisées dans Stahl, ScheUing et Fichte, préfèrent aux raisonne- ments la pratique du laboratoire ; aux vues d'ensemble, les conclusions partielles et modestes. Laissant aux talents peu doués le soin de poursuivre le beau moral et idéal dont Winckelmann s'est fait l'apôtre, l'artiste tente d'exprimer simplement la joie de la lumière. Par delà les paysagistes de Fontainebleau et Delacroix, les impres- sionnistes rejoignent Watteau, Chardin et Fragonard en même temps qu'ils disent la poésie de la vie moderne. Se dégageant de toute sensibihté factice, Stendhal et

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