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650 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la jeunesse de Cousin et qui pouvait être le prélude d'une Renaissance dévie, tourne court et s'achève en une Res- tauration.

C'est un courant de poésie et de lyrisme à la fois mystique et social qui s'insinue et pénètre dans le domaine de l'art et de la philosophie. L'esprit de l'école romantique et l'idéalisme postkantien agissent confusé- ment sans susciter d'imitation précise. Aussi n'éveillent-ils pas l'attention et ne rencontrent-ils de résistance que chez Stendhal. Ce que nous retenons des contacts brefs et des voyages, c'est une ambiance imprécise faite d'images plus encore que d'idées. Nous apprenons à rêver ; et la rêverie allemande nous repose des élans passionnés et de la nostalgie où nous venions de nous complaire. Sous son charme, la sensibilité se Hbère de toutes les disciplines, conquête patiente d'une vie intérieure qui se veut har- monieuse et étabUt entre toutes les puissances de l'être une hiérarchie. L'imagination prend la clef des champs et vagabonde.

Mais les artistes de 1830 sont trop proches de la vie de sensation et souvent d'une ingéniosité trop subtile pour que le tourment métaphysique s'empare d'eux et les tristesses sans cause. L'originalité de leur nature les rend assimilateurs ; mais leur fantaisie les défend du mysticisme. Ils admettent qu'ime manière nouvelle de sentir s'incorpore à notre sensibiUté et l'enrichisse, mais seulement au prix de sa sujétion. Et le romantisme alle- mand, contenu dans l'art, ne réussit à s'emparer que du domaine spéculatif.

Le discrédit où sont tombées la science, l'analyse et l'expérimentation, qui ont partie liée avec le scepticisme

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