Page:NRF 13.djvu/641

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 633

l'Exemple de Racine^, on se rassurera devant cet appareil en constatant que, pour le plus représentatif de nos classi- ques, et celui qui semble même le plus spontané, le plus ingénu, la réussite ne fut que le résultat d'un long et patient travail de la volonté appliqué, en somme, à peu de moyens. Mais la question d'application peut-elle être mise en doute pour aucun des classiques ?

Ainsi l'objection politique ne doit-elle point, croyons- nous, s'opposer à la réalisation du nouveau classicisme. Et c'est, de la part de l'intelligence, liberté laissée à l'évolution sociale, à cette évolution qui se manifeste si nettement au- jourd'hui, contre les vieux nationalismes antagonistes, créa- teurs des guerres.

Pour en revenir au livre de M. Alphonse Mortier, ne serait- ce pas vraiment pour cette même chose, pour la suppression de toute guerre, que se sont sacrifiés les morts de cette géné- ration et aussi bien ceux des campagnes que ceux des villes et les ignorants que les intellectuels ?

Ne faut-il pas, lorsqu'on prononce ces paroles : la géné- ration sacrifiée, penser à tous les morts ensemble et entendre un sacrifice qui leur fut commun ? Tous sont venus sur les rangs, en armes, parce que la France était attaquée, menacée. Ils sont morts pour la sauver. Mais sans l'agression de l'Alle- magne, la France ne fût-elle pas devenue plus grande par leur vie, par leur œuvre à tous ? Ne savons-nous pas des pertes irréparables, car il y avait du génie chez certains de ces morts ? En s'accomplissant, leur sacrifice proteste contre le destin qui n'était point fatal. Il n'est venu que des hommes, de certains hommes. Il pouvait être éludé... Il n'est pas impossible que les guerres épargnent désormais de plus nom- breuses générations ou qu'on les supprime, peut-être. Que le sacrifice des morts de celle-ci serve d'exemple à toutes

I. Nos Directions, éditions de la Nouvelle Revue Française.

�� �