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6l6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tout ce qu'elle contenait ; nous aurons à la fois complété et justifié notre « hégémonie » sur le monde.

��Aurai-je l'air de m'achamer et de « chercher la petite bête », si je signale encore dans le manifeste du Parti de l'Intelli- gence une équivoque qui, à vrai dire, n'y est que latente, mais dont je ne puis m'empêcher d'être gêné ?

Elle réside dans l'idée que les auteurs semblent se faire de l'intelligence elle-même. Sans doute prennent-ils la précau- tion de mentionner à plusieurs reprises sa fonction de défi- nition et de détermination. Mais on voit qu'en même temps ils ne peuvent se retenir de la concevoir surtout et avant tout comme un instrument de liaison, de coordination, de syn- thèse, d'unification. La façon dont leur pensée sur ce point flotte et invinciblement dérive, est rendue nettement sen- sible par la chaîne de phrases que voici :

Le progrès ne consiste pas... à effacer les limites, à nier les règles, à repousser les dogmes, mais il se manifeste dans une détermination de plus en plus précise des principes. » (C'est la vérité même, et je suis si bien d'accord avec ce com- mencement de texte que je m'en servirais volontiers pour formuler le grief que j'ai contre l'internationalisme intellec- tuel et contre ceux que le manifeste appelle, d'ailleurs très improprement, les bolchévistes : de ce côté-là, en effet, on travaille à la suppression des limites, des différences, par conséquent on mine les résultats du progrès ; c'est pourquoi, c'est seulement pourquoi je ne puis y aller.) Mais repre- nons notre lecture : « L'intelligence humaine est faite pour définir et pour conclure. » Bien. « Son impuissance à l'ac- compUr, que certains confondent avec la liberté, est le signe qu'il y a en elle quelque chose de vicieux. » Attention !

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