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582 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

est-ce que les moutons étaient à toi, et est-ce que tu avais le droit de les donner ?

LE FRÈRE MINEUR. — Non pas, c'est vrai.

LE PAPE PIE. — Et si un Anglais te demandait cette belle chaudière en cuivre dont tu es si fier, où l'on fait cuire le repas de la communauté, et qui porte les armes d'un cardinal,

Est-ce que tu aurais le droit de la vendre ?

LE FRÈRE MINEUR. — Ce serait un grand péché.

LE PAPE PIE, — Ainsi je n'ai pas le droit davantage de donner c« qui n'est pas à moi.

Ce qui n'est pas à Nous, mais à tous Nos prédécesseurs avec Nous et à tous Nos successeurs avec Nous, ce qui est à toute l'EgHse, ce qui est à tout l'Univers avec Nous.

LE FRÈKE MINEUR. — Eh bien, ce que vous ne pouvez leuT donner, qu'ils le prennent !

LE PAPE PIE. — C'est une chose défendue que de prendre ce qui n'est pas à soi.

LE FRÈRE MINEUR. — Cela sera à eux une fois qu'ils l'auront pris. Hélas, cela fera partie de toutes ces choses qui sont tellement à eux et qui les rendent si contents !

Pour vous, n'avez-vous pas fait ce que vous pouviez ? Réjouissez- vous parce que votre fardeau est allégé. Et priez pour ces pauvres enfants, que Dieu trouve mo5^n d'arranger ses comptes avec eux.

Saint Père, le monde devenait trop exigeant, une machine trop compliquée. Qui veut s'en occuper, il faut qn^ en soit trop l'esclave.

Jamais le fardeau ne fut plus lourd, réjouissez- votîs parce qu'il a plu à Dieu de vous en soulager.

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