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576 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

LE PAPE PIE. — Et toi qui es le sage Pasteur ?

LE FRÈRE MINEUR. — Il n'y a pas deux manières de souffrir. Saint Père, et il n'y en a pas deux d'avoir de la peine pour un autre.

LE PAPE PIE. — Ces paroles sont meilleures pour moi que de l'eau.

LE FRÈRE MINEUR. — Père, je n'ai pas autre chose que mon cœur à vous donner.

LE PAPE PIE. — Je sais que celui-là n'est pas né qui m'enlèvera l'amoiu de mon petit frère.

LE FRÈRE MINEUR. — Saint Père, comment tout le monde ne vous aime-t-il pas ?

LE PAPE PIE. — Beaucoup seraient contents de Nous voir mort. Beaucoup se réjouiraient et donneraient des festins et enverraient des présents à leiurs amis, disant : Il n'y a plus de Pape enfin. Il est mort, le vieillard obstiné.

LE FRÈRE MINEUR. — Du moins il n'y a personne qui pense ainsi dans votre ville de Rome !

LE PAPE PIE. — Non, petit frère.

LE FRÈRE MINEUR. — S'il y a vraiment des gens qui vous haïssent, ce sont les Turcs, ou les Allemands là-bas, ou les Russes, ou quelqu'un de ces mauvais Fran- çais révolutionnaires.

Ou les Chinois dont on m'a dit qu'ils ont une queue dans le dos, cela nous a fait bien rire !

Mais nous autres, nous vous connaissons bien, qui vivons à côté de vous et sur les marches de votre maison,

A part quelques pauvres frères peut-être mélanco- liques et vexés par le démon, — Dieu ait pitié de leur âme tourmentée !

LE PAPE PIE. — Petit frère, il faut faire une instante

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