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560 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ORIAN. — Jadis j'avais à moi un jardin.

PENSÉE. — Nous vous l'avons pris, chevalier.

ORIAN. — Oui, vous l'avez acheté, il est à vous main- tenant. Je viendrai le voir quelquefois.

Il était bien petit, mais je l'aimais quand même. Trop beau sans doute encore pour un homme si dénué.

PENSÉE. — J'ai honte. Pardonnez-moi.

ORIAN. — Mais non, c'est un service que vous m'avez rendu, me voici bien débarrassé. Qu'est-ce que ces vieux murs ?

C'est en avant qu'il faut regarder, pas en arrière.

PENSÉE. — Parole qui m'étonne de vous. Je vous croyais le chevalier du Passé.

ORIAN. — Le Pape est ce qui ne passe pas.

PENSÉE. — Pourtant, dont il faudra se passer.

ORIAN. — Mais votre père est là pour nous aider à lui garder son trône.

PENSÉE. — Trônes bien menacés que ceux-là qui ont l'appui des gens de notre famille !

ORIAN. — Je sais de quel côté vont les vœux intimes de votre p^re.

PENSÉE. — Qu'attendre ? C'est la Révolution qui coule dans nos veines.

ORIAN. — La France à travers toute Révolution veut le Pape intact à Rome.

PENSÉE. — Eh quoi, pour sauver le Père, comme vous l'appelez.

Il est besoin autour de lui d'ime police étrangère ?

ORIAN. — Il est le père pour moi, tant que je suis son fils.

PENSÉE. — Je sais qu'il est un peu à vous, votre par-

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