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532 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

que cette survivance d'un principe prouve son inmiuta- bilité. Ce trait commun, cette vertu essentielle est préci- sément la moins en honneur, la moins répandue chez les artistes contemporains. C'est la faculté de soumission à l'objet, cet effacement provisoire, mais primordial, du peintre devant la réalité, cette recherche, ou cette accep- tation, dans la réalité, des motifs générateurs de l'œuvre d'art.

Tâchons d'en retrouver le secret. Mais ayant recueilli cette leçon, sachons aussi approfondir la différence radi- cale que nous avons aperçue, entre l'art qu'inaugiure David et celui de ses prédécesseurs. Etudions dans tous ses détails le mal dont nous souffrons et dont nous avons découvert les origines ; nous en guérirons précisément en le cultivant, rfatiquons une homéopathie savante et salutaire. Une fois en paix avec notre conscience, en règle avec la Tradition, montrons courageusement dans nos œuvres notre immixtion parmi les objets et n'ayons pas peur de convertir en motif le mobile classique. Ren- dons explicite ce qui ne fut q}i implicite jadis. La fougue des improvisateurs, la minutie des naturalistes se trou- veront fort mal de ces nouvelles méthodes de travail. Faut-il le regretter ? Rejetons toutes les inquiétudes et travaillons joyeusement, les yeux fixés vers le lieu où nous savons trouver cette « passe » étroite qui des mers agitées conduit au havre du salut.

ANDRÉ LHOTE

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