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CONSIDÉRATIONS SUR LA MYTHOLOGIE GRECQUE 485

mais nous enverrons, si vous le voulez bien, cette expli- cation rejoindre celle des mythes solaires et des Totems).

Il vient, lui, fils de roi, combattre un bâtard royal ; il vient, assoiffé d'aventure, le muscle encore tendu par l'effort de soulever des rocs — car c'est sous l'un de ces rocs, lui laissait entendre son père, qu'il découvrirait ses armes. Admirable épreuve d'entraînement. Chacun de ces héros a ses armes à lui, et qui ne sauraient convenir à nul autre : c'est seulement quand il eut repris à Philoc- tète l'arc de son père Achille, que Néoptolème fut à même de tuer Paris ; et nous savons que l'arc d'Ulysse ne pou- vait être bandé que par Ulysse.

Il s'embarque (je parle de nouveau de Thésée) avec ce troupeau de vingt jeunes garçons et de vingt jeunes filles, que la Grèce payait à la Crête en tribut annuel pour être dévorés par le Minotaure, dit le conte de nourrice ; pour moi je pense que le monstre au fond du labyrinthe s'en devait former un sérail. Pourquoi ? Oh ! simplement parce que cette carni voracité je ne la vois héritée ni de Pasiphaë, ni du taureau progéniteur, mais bien un appétit de luxure. — Pasiphaë, Ariane, le Minotaure... Quelle famille ! Et à la tête de tout cela Minos, le futur juge des Enfers ! Comment Minos jugea la conduite de sa fename et de ses enfants, je ne sais ; ni pourquoi Minos, avant d'être appelé à juger les morts, devait avoir eu sous les yeux des exemples de tous les crimes... Je ne sais ; mais ce que je sais c'est qu'il y a là une raison. Il y a toujours une raison dans la fable grecque.

Et je me demande aussi pourquoi de tous les héros grecs qui combattirent au siège de Troie, le seul Ulysse, pérégrin inlassable, au retour si désespérément différé.

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