Page:NRF 13.djvu/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 445

puisse arriver à un homme, c'est d'avoir un enfant sensible- ment idiot. C'est ce vieillissement posthume qui est arrivé à notre Chérubin ». Mais alors Bégearss, « l'autre Tartufe », le Tartufe de l'ère nouvelle, n'est-ce pas le vieilUssement de Figaro, et le vieillissement de ceux qui l'applaudirent, de tout un âge, de tout un peuple gonflé d'enthousiasme répu- blicain. Et c'est de nouveau la tare inhérente à tout événe- ment temporel. « Nous déclarons, tous, nous nous af&rmons à nous-mêmes que rien ne vaut les réahsations. Nous savons que rien n'est profond, et grave, et sérieux comme les réalisa- tions, comme une œuvre faite, comme une guerre faite et une victoire couronnée... Nous le savons, nous en sommes sûrs. Et nous savons aussi que nous ne nous retournons jamais sans une profonde mélancolie vers cet âge où l'œuvre était espérée seulement, où la fortune encore n'était pas jouée, où tout était dans le risque mais dans la promesse, où la bataille enfin n'était pas donnée. »

La cause qui gagne n'est jamais la vraie cause qu'on a défendue. Les gagnants sont, plus ou moins, des vaincus. Et tous ces vaincus ensemble font appel au jugement de l'histoire. « C'est encore une laïcisation. D'autres peuples, d'autres hommes en appelaient au jugement de Dieu... Aujourd'hui, ils en appellent au jugement de l'histoire. C'est l'appel moderne. C'est le jugement moderne. Pauvres amis. Pauvre tribunal, pauvre jugement... En somme ce sont des pères qui font appel au jugement de leurs fils !... C'est encore un mystère de notre jeune Espérance et certainement l'un des plus touchants et des plus merveilleux. S'il est vrai que nulle charité n'est aussi merveilleuse que celle qui vient d'un misérable et qui va vers un autre misérable... pareille- ment, nulle espérance n'est aussi touchante, aussi grave, aussi belle, aussi pieuse que cette déconcertante espérance que ces malheureux s'acharnent à placer dans d'autres malheureux. » Et l'illusion n'est pas seulement d'oubher que la postérité

�� �