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NOTES 4JI

observées. Péguy ne les observe pas, quand il commente sans fin la pièce des châtiments écrite sur l'air de Malbrouck {Paris tremble, ô douleur, ô misère \). Et le dernier thème (Comment Hugo s'est arrangé pour emplir un siècle) n'est pas celui qu'il fallait pour clore l'œuvre dignement, pour faire pleinement sonner la note finale, si grave et juste. Ces deux erreurs, je ne les signalerais point, si le monologue en son ensemble ne me paraissait organique, harmonique, et très sûrement composé.

Le vrai sujet n'est pas l'Histoire, quoiqu'il en soit beaucoup parlé. «Il me faut une journée, dit Clio, pour faire l'histoire d'une seconde. Il me faut une année pour faire l'histoire d'une minute. Il me faut une vie pour faire l'histoire d'une heure. Il me faut une éternité pour faire l'histoire d'un jour. On peut tout faire, excepté l'histoire de ce que l'on fait. » Que nulle recherche n'épuise une question, et que, par le manque ou l'excès de documents, l'historien toujours se trouve, malgré lui, ramené de la science à l'art, — Péguy n'avait pas attendu pour le rappeler à la Sorbonne ; nous le savions de reste, et ce n'est pas ce qui nous touche. Mais la poésie plus vraie que l'histoire, l'éternelle fraîcheur d'Homère, les hommes de Grèce plus grands que leurs dieux, la pureté antique aspirant, par une « grâce intérieure » à la pureté chrétienne, et toutes deux ensemble condamnant ces modernes qui n'ont point d'âme — verrons-nous là le vrai sujet ? Non, cette image d'une jieunesse du monde, à jamais passée, cette vision d'une jeunesse hors du monde, et qui ne passera point, ce regret et cette promesse accusent par contraste le thème principal : l'idée du Vieil- lissement : vieillissement de chaque homme, vieillissement de l'humanité ; opération de la mort en toute vie ; vanité des efforts que tente toute vie, pour éluder la loi de vieillesse et de mort; détresse de l'âme sous les griffes du Temps. Cette idée, entre toutes, est celle qu'on veut le moins re-

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