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434 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

OU autre artisan, ou encore à un réthoricien ou grammairien, de se travailler pour acquérir nom par ses ouvrages ; mais les actions de la vertu, elles sont trop nobles d'elles-mêmes pour rechercher autre loyer que de leur propre valeur, et notamment pour la chercher en la vanité des jugements humains. »

C'est à ce beau rêve que me conduit M. Lefranc — et à d'autres beaux rêves sans doute que j'aimerais voir monter de la mer, un mois d'été où en songeant à William Stanley je relirais paisiblement mon Shakespeare. Si pourtant je redescends du rêve impondérable à la pesée des vraisem- blances, je crois que je demeurerai provisoirement, comme au parti le plus raisonnable, à l'hypothèse stratfordienne en l'enrichissant de tout ce qu'y peut faire entrer de neuf l'étude de M. Lefranc. M. Lefranc a établi avec une vraisem- blance extrême (que quelques découvertes nouvelles amène- ront sans doute à la certitude) ceci : la compagnie d'acteurs dont fait partie Shakespeare appartenant d'une part à la famille de William Stanley, il y a d'autre part dans les pièces de Shakespeare nombre d'allusions, de créations qui ne peu- vent s'expUquer que par l'intervention de WilUam Stanley. M. Lefranc en conclut que le théâtre shakespearien doit être transporté en bloc à WilHam Stanley. M. Jacques Boulenger, qui soutient et défend l'hypothèse de M. Lefranc, ferait certaines concessions aux stratfordiens : « L'acteur Shakespeare ne fut pas illettré. J'admets volontiers qu'il a eu une certaine part de collaboration aux pièces ; certaines étaient injouables et paraissent avoir été remaniées : s'il a mis au point l'œuvre d'un amateur, est-ce que cela ne se fait pas couramment de nos jours ? Mais il n'a pas pu les écrire : tout y révèle une autre main. Et de très sérieux indices donnent à penser que cette main fut celle de William Stanley. »

M. Jacques Boulenger admet donc que la collaboration

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