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426 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'élégance qu'une discussion sobre et circonspecte. Que les lecteurs du Petit Parisien aient eu la primeur de la décou- verte de M, Lefranc, je ne prétends ni m'en moquer comme M. André Beaunier* ni en louer M. Lefranc comme M. Jacques Boulenger. Je crois seulement que lorsque des savants vont de cette façon au peuple le meilleur serait précisément de trancher par leurs qualités propres de réserve scientifique et de doute honnête sur le ton d'affirmation tumultueuse en usage dans la grosse presse. Ceux à qui la vie militaire a' per- mis de vivre pendant des années avec les lecteurs du Petit Parisien peuvent affirmer que ces gens simples sont très sensibles à la réserve, au sens critique dont pourra faire preuve devant eux celui qu'ils jugent plus instruit. J'admets fort bien avec M. Boulenger que « si l'on arrivait à captiver les lecteurs du Petit Parisien par des controverses d'histoire littéraire, cela ne pourrait que profiter aux bonnes lettres et à la paix publique », mais à condition de les habituer précisément par ces controverses à juger douteux ce qui est douteux : excellente garantie de la « paix publique » dans les affaires Dreyfus de demain.

Le bon Zola qu'est M. Lefranc avait été précédé par un Bernard Lazare. La piste du véritable auteur des drames de Shakespeare, William Stanley, fut découverte dès 1888 par un érudit anglais, Greenstredt, qui produisit les textes initiaux et dont M. Lefranc nous dit avec une nuance de reproche qu'il « évite toujours les déclarations absolues et insinue plutôt qu'il n'affirme ». M. Lefranc ne garde point cette modération et l'on comprend que ses certitudes tumultueuses aient agacé M. André Beaunier qui dans la Revue lies Deux Mondes a couvert de fléchettes ses deux volumes orange.

Préoccupé d'exposer son opinion ou plutôt sa certitude, M. Lefranc — et c'est peut-être le plus grave reproche qu'on puisse lui adresser — ne prend pas assez la peine de

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