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NOTE SUR M. DESCARTES 401

c'est premièrement que nous n'avons qu'un honneur, deuxièmement que nous n'avons qu'une maîtresse, troisièmement que c'est la même unicité.

Leur idée, leur système de pensée, c'est que la desti- nation de l'amour est la même que la destination de l'honneur. Aussi unique. .^

Il faut relire le Cid. Ou plutôt il faut le lire pour la première fois, et nous-mêmes d'un regard inhabitué. L'amour de Chimène et de Rodrigue pour l'honneur est une des nourritures les plus profondes de leur propre amour. Et leur amour est une nourriture profonde et une offrande perpétuelle qu'ils font à l'honneur. Et l'honneur qu'ils rendent à l'amour est encore une nourriture de leur amour.

Il faut rehre le Cid. Il faut voir à quel point l'honneur est entouré, à quel point l'honneur est un objet d'amour et un objet de tendresse. Et il faut voir à quel point l'amour est un. objet d'honneur.

C'est en ce sens, et non point au sens des critiques et des historiens, et non point entre autres au sens de Cor- neille critique, examinateur et historien, qu'il faut dire que le Cid est la tragédie de l'honneur et de l'amour et que le Menteur est la comédie parallèle et conjointe de l'honneur et de l'amour. C'est en ce sens qu'il faut dire, et seulement en ce sens que l'on peut dire que le Cid est une tragédie héroïque et que parallèlement et con- jointement le Menteur est une comédie héroïque. En com- paraison du Menteur, toutes les comédies de MoHère (et pourtant il est le plus grand génie comique qui soit jamais apparu dans le monde) sont des comédies bourgeoises. Je ne parle pas des Plaideurs qui en comparaison de l'un

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