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396 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

(mais il était pour lui-même un assez mauvais contem- porain), que toute tragédie de Corneille présente un conflit entre la passion et le devoir, conflit qui se termine tou- jours par le triomphe du devoir. Lui-même il parlait ainsi et il en convenait, mais c'était un être qui manquait essentiellement d'orgueil, de l'orgueil le plus juste, et qui défendait mal son œuvre devant les critiques, et qui défendait mal son génie devant les contemporains, et qui rendait les armes, et qui condescendait volontiers, et qui disait comme eux. Quand il déclarait, comme les autres, et peut-être avant les autres, que sa tragédie était, représentait un conflit du devoir et de la passion, et qu'il donnait à entendre et même quand il disait que 4e devoir triomphait et devait toujours triompher de la passion, et quand il donnait à entendre et même quand il disait que le devoir est une grandeur et une, noblesse et que la passion est une faiblesse et certainement une bassesse, il s'appHquait à être de son temps et à parler le langage de tout le monde. Il s'appliquait à parler le lan- gage de son siècle. Et de tout son siècle. En un mot il s'appliquait à parler cartésien.

Et même très sincèrement, parce qu'il manquait d'orgueil, à être cartésien.

C'est pourtant l'entendre bien mal, à la fois inexacte- ment et faussement, que de se représenter son génie et son œuvre uniquement comme le théâtre d'un conflit entre le devoir et la passion, conflit où le devoir, grandeur et noblesse, triomphe finalement de la passion, faiblesse et bassesse. Le dirai-je, c'est un peu une conception à la Hugo, antithétique. C'est dire combien elle est arbitraire, artificielle, mécanique et raide. Et c'est encore l'entendre

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