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388 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sont plus OU moins alliées, mésalliées, désalliées dans toute l'histoire de l'homme et du monde. Beaucoup d'obscurités seraient éclairées, beaucoup de difficultés tomberaient si on ne les confondait pas toujours, (et ici encore comme Bergson a raison, comme le langage est tout, (et comme il ne devrait rien être), comme il est difficile de distinguer deux races, pourtant absolument étrangères, aussitôt que dans toute l'histoire elles sont confondues sous un même nom), si d'un bout à l'autre de l'histoire on s'appH- quait seulement à distinguer ces deux races, à diviser ce qui dans la réalité est divisé. Dans Homère la bataille, et par suite la guerre, est une suite indéfinie de duels. Le combat général est l'ensemble des combats singuliers. Et de part et d'autre on attend une victoire générale comme la résultante de tant de combats singuUers. C'est alors qu'Ulysse intervient, et d'un seul coup il fausse tout le système ; car il n'invente pas seulement d'introduire dans la ville un cheval de bois machiné : il invente en cela • même de remplacer le système de la bataille par le système de la victoire, il invente de substituer d'un seul coup le système de gagner au système de se battre, le système de l'empire au système du combat singulier. En ce sens, et d'un seul coup, et du premier coup Ulysse est déjà un Romain parmi ces Grecs. Il n'est déjà plus l'homme qui se vante et l'homme qui se bat. Il est déjà l'homme qui se tait et rhonune qui gagne.

Il n'est déjà plus l'homme qui s'expose et qui se propose. Il est l'homme qui s'impose et qui se gouverne et qui va gouverner le monde.

Il est déjà un consul. Il n'est plus un chevalier, un cavalier, l'homme dans un char et qui dépend d'un essieu

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