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386 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

TROISIÈME FRAGMENT

On parle souvent de la guerre comme d'un immense duel, d'un duel entre peuples et réciproquement on parle sou- vent du duel comme d'une guerre pour ainsi dire réduite et schématisée, d'une guerre entre individus. On parle de la guerre comme d'un duel sur une grande échelle et du duel comme d'une guerre sur une petite échelle. C'est une bien grande confusion. Beaucoup d'obscurités historiques, et considérables, seraient éclairées peut-être, beaucoup de difficultés tomberaient si Ton voulait bien distinguer qu'il y a deux races de la guerre et qui n'ont peut-être rien de commun ensemble. Je ne dirai pas même que la vieille lutte pour la vie s'est divisée en deux races, dont l'une est la lutte pour l'honneur, et l'autre la lutte pour le pou- voir. Je n'irai même pas jusqu'à attribuer à ces deux races de la guerre une origine commune. Je dirai : il y a deux races de la guerre qui n'ont peut-être rien de commun ensemble et qui sont constamment mêlées et démêlées dans l'histoire. L'une procède en effet du duel et l'autre n'ea procède pas du tout. L'une est une extension du duel, littéralement un duel entre des peuples, (ou comme dans les Horaces, {mois ceci revient au même), entre des individus délégués par des peuples). Il y a une race de la guerre qui est une lutte pour l'honneur et il y a une tout autre race de la guerre qui est une lutte pour la domination. La première procède du duel. Elle est le duel. La deuxième ne Test pas et n'en procède pas. Elle est même tout ce qu'il peut y avoir de plus étranger au duel, au code, à l'honneur. Mais elle n'est pas du tout étrangère à l'héroïsme.

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