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LE DIALOGUE AVEC GERARD 359

reprocher de me plaindre. Mais qu'est-ce que ça fait! Qu'est-ce que ça ferait si dans cette minute même, secrète- ment tu te moquais de moi ! Les paroles que nous disons vont bien plus loin que nous. Au delà de ce que tu penses et de ce que je pense, quelque part un bien naît dans le monde à cause que je t'écoute et à cause que je te parle. Oui, il est bien que cette heure-ci ait existé. Et c'est pour cela que je pars me battre, pour qu'une vie soit assurée où nous puissions parler comme nous avons parlé au- jourd'hui.

Un silence. Gérard se tait, comme s'il pensait beaucoup. Il est un peu rouge.

ANTONIN. — Allons, cette fois, au revoir. A dans quatre mois.

GÉRARD, d'une toute petite voix. — Au revoir.

Poignée de mains.

ANTONIN, le retenant. — Et puis, dis donc {plus bas) : n'oubUe pas Dejoie.

GÉRARD. — Je te promets que non.

ANTONIN, quand il est seul. — Je crois au sérieux de la vie.

HENRY DE MONTHERLANT

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